INTRODUCTION AU CANTIQUE DES CANTIQUES (8)
Pour la rédiger, nous nous sommes efforcés de réunir les notes évoquées plus haut et d'autres prises en classe par nos élèves, et de les compléter en traitant le sujet d'une manière plus approfondie et plus étendue, et en même temps plus conforme au texte hébreu, dont nous avons toujours gardé le sens très présent à l’esprit (1), sans pour autant abandonner le texte de la Vulgate, dont les expressions, consacrées par l'usage continuel de l’Église, sont familières à quasiment tous nos lecteurs. Nous avons ensuite pris soin d'illustrer et de corroborer notre pauvre doctrine par les lumières et les témoignages des saints Pères et des grands Mystiques et Maîtres spirituels, afin qu’elle reçoive d’eux, en même temps que quelque chose de l’onction spéciale dont ils ont le secret, la solidité et la sécurité nécessaires pour communiquer aux âmes tranquillité et encouragements. De la sorte, nous nous sommes efforcés, autant qu'il était en notre pouvoir, de rendre cette exposition utile non seulement à de nombreux âmes soucieuses d’avancer dans la vie spirituelle et de croître dans l'union intime avec Dieu, mais aussi à tous ceux qui désirent connaître plus profondément les voies de l'esprit, les merveilles de la vie mystique, et les mystères du Bel Amour.
Cependant, pour ne pas trop nous étendre, nous nous en tiendrons à l’Union mystique du Verbe divin avec toutes les âmes fidèles, en nous contentant d'indiquer parfois ce qui concerne l'Église, la Synagogue ou la très Sainte Vierge, ce qui relève plutôt d’autres objets d’étude, dogmatiques, exégétiques ou apologétiques.
Même si, avec si peu de lumières et si peu d'expérience, notre entreprise peut sembler trop ambitieuse, nous ne voulons pas y renoncer parce que nous croyons qu’elle est vraiment nécessaire. Nous avons confiance en la bonté du Seigneur, qui nous aidera à la mener à bien. Ces mots significatifs de sainte Thérèse nous y encouragent, qui l’ont encouragée elle-même (1. Cit.) : « Je considère que le temps que je passe à écrire et à traiter par ma pensée d'un question aussi divine, que je ne méritais pas d’entendre, est bien employé ».
En la traitant avec amour, peut-être obtiendrons-nous de l’aimer davantage, afin que nous mettions plus de soin à nous disposer convenablement à cette vie pour pouvoir l’expérimenter. Nous nous réjouissons aussi de contribuer à ce que d’autres s’y attachent vraiment et en tirent le fruit que, pour notre part, nous n’avons pas su encore recueillir. Édifions-nous, autant qu’il est possible, sur le fondement de la doctrine, à défaut de pouvoir le faire également par l’exemple. Nous espérons de nos discrets lecteurs que, loin de se montrer trop exigeants, ils nous rendent cet humble service de remédier à nos faiblesses et à notre tiédeur par leurs ferventes prières, en ayant à l’esprit ces propos de saint Jean Climaque (Échelle spirituelle, c. 26, § IV) : « Ne juge pas trop sévèrement, sans ménagement, lorsque tu vois certains enseigner de grandes choses et vivre négligemment. Parce que bien souvent l'utilité de la doctrine compense le défaut des œuvres. En effet, tous n'ont pas la même chose, car certains se signalent plus par leurs paroles que par leurs œuvres, tandis que d’autres le font davantage par leurs œuvres que par des paroles. Il est est peu qui joignent l’un et l’autre ».
Nous devons donc nous efforcer, comme nous y enjoint le Prince des Apôtres (I Petr. 4, 10), d'administrer au mieux, au profit des autres, la grâce que nous avons reçue, afin d'être même « de bons dispensateurs de la grâce multiforme de Dieu ».
Qu'Il daigne bénir cet humble travail et le faire servir à sa plus grande gloire et au bien de tant d'âmes assoiffées de cette doctrine, soucieuses ou en grand besoin de connaître les mystères enchanteurs de l'amour divin, et qui ne trouvent pourtant personne pour les mettre à leur portée ou leur faciliter l'accès à l'eau mystique de la sagesse salutaire ! Qu'Il le bénisse, puisque ce genre de travail est si nécessaire et qu'à bien des égards, c'est Lui-même qui nous invite à l’entreprendre.
« Je me souviens de ce mot du Prophète dit saint Bernard : “Vos paroles répandent la lumière, et donnent l'intelligence aux simples et aux petits” (Psal. CXVIII, 130). Et c'est pour eux, je crois, qu'il est à propos d'expliquer ceci avec un peu plus d'étendue. Car l'esprit de sagesse est doux, et il aime un maître doux et diligent, qui, tout en s'efforçant de contenter ceux qui sont prompts à comprendre, ne dédaigne pas de condescendre à la faiblesse de ceux qui ont l'esprit plus lent. D'ailleurs la sagesse même a dit : “ceux qui me rendent claire, auront la vie éternelle ”(Eccli. XXIV, 31). Je serais bien fâché d'être privé de cette récompense. Après tout, dans les choses qui me paraissent faciles, il y en a souvent de cachées, et telles, qu'il n'est pas superflu de les expliquer avec soin aux plus capables et aux plus pénétrants ».
Il ne fait aucun doute qu'une véritable explication de ces paroles divines, en plus de donner « l'intelligence aux petits », peut éclairer et encourager beaucoup de ceux qui sont déjà « adultes dans le Christ », ou qui se considèrent comme tels, en leur faisant voir clairement un grand nombre de vérités de la vie mystique qui sont d'un grand intérêt pour eux, et qui ont très souvent été défigurées ou obscurcies depuis quelques siècles jusqu'à nos jours.
Nous espérons donc de la miséricorde divine que ces explications serviront à confirmer et à compléter ce que nous avons écrit par ailleurs dans L'Evolution mystique et surtout dans les Questions mystiques, et qu'elles contribueront à éveiller dans beaucoup d'âmes le saint désir d'entrer en communication intime avec Dieu, de chercher le trésor caché de son royaume, qui est dans notre propre cœur, de posséder la perle précieuse de son amour inestimable, et d'atteindre cette très haute sagesse qui s'offre à tous et qui invite chacun de nous à partager ses ineffables communications (2).
Notes
(1) Pour plus de clarté, nous avons conservé dans notre version le parallélisme des phrases, c'est-à-dire le cours des versets hébraïques.
(2) Prov. 8-9; Js. 55, 1; Mt. 11, 28-29; Joan. 7, 37; Apoc. 21, 6; 22, 17.
ARINTERIANA
Paris - France | 2024 | Tous droits réservés
Exposition en langue française de la vie et des œuvres du Père Juan González Arintero (1860-1928), restaurateur de la théologie mystique en Espagne, grand directeur d'âmes et apôtre de l'Amour Miséricordieux.
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Pour moi ferez beaucoup et vous n’y perdrez mie. »
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